Retour à l’école : Kaichi Gakko

Après Nawate-dōri et Nakamachi, je me rends à quelques pas au nord du pont rouge du Matsumoto-jô pour reprendre le chemin de l’école. Mes gambettes me mènent à Kyu Kaichi Gakko la plus ancienne école primaire devenue Propriété Culturelle du Japon.

Le bâtiment est inspiré de l’occident mais garde des techniques de constructions traditionnelles japonaises : c’est l’architecture Giyôfû (擬洋風建築, littéralement « imitation du style occidental) typique de l’ère Meiji. Normalement on entre par un superbe perron en bois sculpté surmonté d’une tour octogonale, mais malheureusement il est couvert pour travaux lors de ma visite (oh tristesse!).

Mais ce n’est pas juste son âge avancé et son joli bâtiment qui lui vaut d’être classé Monument Culturel. C’est aussi pour sa politique éducative : l’éducation pour tous sans distinctions d’origine sociale! Menée par l’Empereur Meiji (1868-1912) au début de l’ouverture du Japon sur le Monde, cette réforme a marqué un gros tournant car auparavant seuls les enfants nés dans des familles nobles ou de samouraïs avaient accès à l’éducation. Kaichi Gakko porte d’ailleurs un nom significatif « mener une vie vertueuse et cultiver la sagesse ». Cette école novatrice à l’époque a donc acquis une dimension importante en tant que symbole de la restauration Meiji : mélange des cultures japonaise et occidentale au travers de son architecture et de son système scolaire calqué sur l’Occident.

Si l’école a fermée en 1963, les lieux ont depuis été reconvertis en un musée de l’éducation. A l’origine, elle était située ailleurs près de la rivière. L’école a été déplacée sur son site actuel et restaurée pour la sauvegarder. C’est pourquoi il ne reste que le bâtiment principal de l’école, les ailes n’ont pas suivies.

A l’intérieur, de vieilles salles de classe d’époques me rappellent celles de mes grands-parents. Ambiance régressive! Les lieux servent aussi d’expositions pour des objets liés au monde éducatif (époques Edo, Meiji, Taishō et Shōwa) : cahiers d’écoliers, livres de cours, jouets, cartes de joueurs de baseball à collectionner…

Grâce à des photographies anciennes, j’ai pu constater l’évolution des conditions scolaire : on passe des élèves assistant aux cours assis sur des tatamis, aux chaises et bureaux d’écoliers en bois. L’occidentalisation de l’éducation a lieu aussi au travers de son mobilier.

La pièce la plus fameuse est la « Chambre de l’Empereur ». L’Empereur Meiji est effectivement venu faire une visite à l’école, une pièce fut donc dédiée au repos de l’Empereur (quand celui-ci voyageait dans le pays pour mater la rébellion).

Au sein de l’école, on peut également observer des Sankarado (8 au total). Ces panneaux sculptés ornent notamment certaines portes : un joli mouvement d’un dragon et d’une vague.

J’adore l’architecture des vieux bâtiments notamment ceux en bois dont on entend le parquet craquer. L’école n’en manque pas, mais c’est toujours aussi galère de naviguer avec les chaussons prêtés pour la visite ^-^.

Le musée offre un bon aperçu de l’éducation à cette époque où avec la restauration Meiji le Japon devait rattraper les occidentaux. Seul hic, les informations en anglais sont sporadiques (les explications sont principalement en japonais). Du coup, je ne me suis pas trop attardée sur les détails mais la visite reste intéressante. Voici d’autres raisons d’y aller : le prix d’entrée est attractif, les lieux sont calme et j’ai croisé peu de touristes (cela contraste avec l’agitation qu’il devait y avoir dans le passé quand les couloirs retentissaient du bruit des enfants).

L’école est finie comme le dit si bien la chanson. Du coup sus au château! Mais je suis vite arrêtée sur le chemin par de splendides Kōyō. Situés dans l’enceinte du sanctuaire Matsumoto, les arbres sont magnifiques avec leurs feuillages rougeoyant. Le sanctuaire est désert et l’atmosphère sereine. La lumière traversant les feuilles des érables, les ombres se profilant sur le bois du temple… L’ambiance parfaite!

Les Petits Papiers pratiques

Horaires : 8h30 à 17h (dernière entrée à 16h30). Fermée le lundi de décembre-février.

Prix d’entrée : ¥300 pour les adultes